Accueil » Langues et littérature » Existe-t-il une tradition fantastique dans la littérature arabe classique ?

Existe-t-il une tradition fantastique dans la littérature arabe classique ?

    Étiquettes:
    Étiquette :

    image_pdfimage_print

    Bibliothèque de l’Institut du monde arabe, notre réponse du 22/01/2020

    Bouraq, coursier fantastique, monture des prophètes.
    Al-Buraq. Wikimedia Commons.

    Selon Mirella Cassarino « la khurāfa » ou histoire fantastique et invraisemblable, naît probablement comme une réponse au désir de l’homme d’avoir des modèles idéaux de conduite.

    Le terme reproduit, non par hasard, le nom d’un bédouin qui, enlevé par les ğinn, fut protagoniste d’aventures nombreuses et incroyables, auxquelles, à son retour, les gens de sa tribu, les Banū `Udhra, n’auraient pas cru, les considérant comme le fruit de sa fantaisie (Chraibi, 2008 : 36-45, 133-65).

    Pour cette raison, on recourt à l’expression “hadīth Khurāfa”, soit “le discours de Khurāfa”, pour indiquer un discours invraisemblable. (..) « 
    « Système, genres et mode dans la littérature arabe classique » in Synergies Monde arabe n° 6 – 2009 pp. 55-71. Article téléchargeable en ligne. 


    Les Mille et Une Nuits

    Quand on évoque la tradition fantastique dans la littérature arabe classique on pense en premier lieu aux contes des Mille et Une Nuits.
    À la source de différentes origines et civilisations (Antiquité égyptienne et mésopotamienne, Arabie pré-islamique, Inde, Chine, Perse, Moyen-Orient arabe…) ces récits puisent dans des traditions culturelles multiples qui mettent notamment en scène des récits ou des personnages fantastiques et merveilleux : tapis ou cheval volants, lampe magique, caverne qui s’ouvre à l’invocation de son nom, djinns et démons… 

    Il existe de nombreuses éditions des 1001 nuits, anciennes ou contemporaines.  Pour les traductions françaises, on cite le plus souvent pour le 18ème celle d’Antoine Galland en 12 volumes et pour le 19ème siècle celle de Joseph Mardrus en 16 volumes.
    Les éditions contemporaines sont celles de René R. Khawam en 4 volumes, Jamel Eddine Bencheikh et d’André Miquel en 3 volumes.


    Outre les contes des 1001 Nuits on peut citer les récits suivants, issus de la littérature arabe classique :

    Le Fantastique et le quotidien
    Qalyūbī, Aḥmad ibn Ahmad al-Qalyoûbî; traduction intégrale faite sur les manuscrits par René R. Khawam Traduction de : Al-h̲ayāl wa al-ayyām. Paris : G.-P. Maisonneuve et Larose, 1981
    Disponible à la Bibliothèque de l’IMA

    Histoires étranges et merveilleuses
    Ahmad al-Qalyoûbî ; traduction [de l’arabe]… par René R. Khawam; Traduction de : Ḥikāyāt ġarība wa ‘aǧība. Paris (17, rue Pierre-Lescot, 75001) : Phébus, 1977 Disponible à la Bibliothèque de l’IMA 

    Mille et un contes, récits & légendes arabes. Tome I, Contes merveilleux, contes plaisants
    René Basset. Paris : Maisonneuve Frères, 1924
    Signalé dans le catalogue du Sudoc

    Démons et merveilles
    Ibšīhī, Muḥammad B. Aḥmad Al- (1388-1446/48); trad. de G. Rat. Beyrouth : Ed. Kitaba : Ed. de la Méditerranée , 1981 Series : Classiques arabes ; 7
    Disponible à la bibliothèque de l’IMA


    Les récits fantastiques religieux

    La tradition et l’histoire prophétique musulmane se mêle à la tradition orale pour fournir également des récits merveilleux à caractère religieux, comme par exemple :

    Le voyage nocturne du Prophète
    Bencheikh, Jamal Eddine. Paris : Impr. Nationale, 2002
    Disponible à la Bibliothèque de l’IMA

    L’histoire fantastique de Tamīm al-Dārī : du hadith prophétique à la légende populaire de Ahmed Amine Dellaï in  Revue Insaniyat : revue algérienne d’anthropologie et de sciences sociales, vol. 55-56, 2012.
    En ligne sur OpenEdition.org

    Mille et un contes, récits et légendes arabes : tome 3, légendes religieuses
    Basset, René. Alexandrie : Bibliotheca Alexandrina, 2009-2010
    En ligne sur la Bibliothèque numérique de la bibliothèque de l’IMA

    Voir aussi l’article Isra et Miraj sur Wikipédia : « L’isrâ’ (en arabe إسراء « voyage nocturne », venant du verbe سرى [sara’a], « voyager la nuit ») est, pour les musulmans, le voyage nocturne du prophète Mahomet de La Mecque à Jérusalem. Il est suivi par le Miraj (معراج, « échelle, ascension »), moment où Mahomet serait monté aux cieux puis descendu aux enfers en compagnie de l’ange Gabriel sur une monture appelée Bouraq (بُرَاق) après être allé sur le mur du temple à Jérusalem. La tradition situe cet événement le 27 rajab de l’an 2 avant l’hégire, soit autour de l’année 620 de l’ère chrétienne ; l’anniversaire de l’événement est célébré durant la « nuit de l’ascension » (Lailat al-Miraj). » ou dans l’Encyclopédie de l’Islam.


    Articles scientifiques et références bibliographiques dans le catalogue d’exposition

    L’étrange et le merveilleux en terres d’Islam [exposition], Paris, 23 avril- 23 juillet 2001.
    Sous la direction de Marthe Bernus-Taylor ; organisée par le Musée du Louvre, Section islamique du Département des antiquités orientales]. Paris : Réunion des musées nationaux , 2001
    Disponible à la Bibliothèque de l’IMA 

    Animaux et savoirs para-scientifiques en Islam médiéval : Pérennité de quelques traditions antiques, d’Ingrid Bejarano-Escanilla, In Annales Islamologiques : Dossier – Merveilles, géographie et sciences naturelles au Proche-Orient médiéval, vol. 51, 2017.  
    Dans cet article, elle analyse « la transmission de certaines croyances et d’idées, parfois réelles, parfois fantastiques, de l’Antiquité à la géographie arabo-musulmane. »
    Disponible en ligne sur OpenEditions.org


    Autres références bibliographiques  :
    Penser le fantastique en contexte arabe
    Bénédicte Letellier. Paris : Honoré Champion, 2012 Présentation sur le site de l’éditeur www.honorechampion.com
    Table des matières en ligne


    Science-Fiction et littérature arabe contemporaine

    La science fiction est un genre narratif qui existe dans la littérature arabe contemporaine. L’auteur le plus représentatif est l’écrivain égyptien Ahmed Khaled Tawfiq (1963-2018) auquel Yves Gonzalez-Quijano a consacré un article à l’occasion de sa disparition, sur son blog Culture et politique arabes : Tombeau pour un grand auteur inconnu : Ahmed Khaled Towfik – publié le 06 avril 2018.
    Le seul roman de Ahmed Khaled Tawfiq traduit en français s’intitule « Utopia« , paru en 2013, aux éditions Ombres noires à Paris.
    Disponible à la Bibliothèque de l’IMA

    Un autre romancier égyptien contemporain propose lui aussi un univers étrange, fantastique, dans son œuvre : Muhammad Rabi.
    La planète mercure
    Muhammad Rabi, non traduit en français, publié en 2015.

    La Bibliothèque enchantée
    Mohammad Rabie. Arles : Actes Sud/Sindbad, 2019
    Présentation éditeur :
    « Chaher, jeune fonctionnaire du ministère des “Biens de mainmorte”, se voit confier une mission inhabituelle : rédiger pour la forme un rapport sur une bibliothèque oubliée du Caire que l’État veut raser pour faire passer une nouvelle ligne de métro. Il se décide pourtant à mener sérieusement son enquête et, peu à peu, tout un monde mystérieux et labyrinthique s’ouvre à lui dans cette bâtisse délabrée et poussiéreuse où les ouvrages sont entassés sans cotation ni indexation et où l’on trouve des traductions dans toutes les langues imaginables. (…)
    Dans ce roman surprenant, Mohammad Rabie tisse d’une main de maître une double trame narrative.
    Entre la voix de Chaher et celle de Sayyid, son récit dévoile des franges de marginalité, loin de l’étau suffocant de la bureaucratie, et des strates de rêves et de légendes sous l’épiderme racorni de la ville. »


    Bandes-dessinée arabes et fantastique

    Il existe aussi dans la bande-dessinée arabe des récits d’inspiration fantastique comme par exemple le magnifique roman graphique en noir et blanc du libanais Jorj Abou Mhaya :
    Ville avoisinant la terre
    Jorj Abou Mhaya. Paris : Denoel, 2016.
    Présentation sur le site PlaneteBD :
    « À 17h30, dans la banlieue de Beyrouth, un homme en trench-coat attend son bus après sa journée de labeur. Il n’aime pas la promiscuité des transports en commun. Surtout lorsqu’un gros type au menton flasque s’endort sur son épaule. Il descend à son arrêt puis se dirige à pied vers son immeuble mais… là, c’est la stupeur. Il se retrouve dans un terrain vague, la nuit tombe d’un seul coup et son immeuble a disparu. Il demande à des passants ce qu’il a bien pu se passer ici, mais les gens le croisent en le prenant pour un fou. Il ne reconnaît plus son quartier. Les rues sont désertes et sombres, les ombres y sont allongées. Pire : dans le ciel, à la place de la lune, il y a la Terre ! » (…)

    Ou encore des récits uchroniques comme la BD :
    Le dernier Atlas
    Scénario de Vehlmann et de Bonneval, Paris: Dupuis, 2019.
    Prix Goscinny du meilleur scénario au Festival d’Angoulême 2020.


    Études sur la science-fiction arabe

    La science-fiction arabe
    Dr. Kawthar Ayeb, Pierre Gévart, Faycel Lahmeur… [et al.], aut. [Bellaing] ([34 rue Jean Jaurès – F 59135]) : Galaxies-SF, DL 2016.
    Issue d’une thèse de l’auteur soutenue en 2008.
    Document localisé à la BU de Paris 3 par le Sudoc

    Aux marges de la littérature arabe contemporaine
    Édité par Laurence Denooz & Xavier Luffin [Helsinki] : Academia Scientiarum Fennica, 2013, appartient à la collection : Suomalaisen Tiedeakatemian toimituksia. Humaniora ; 366.
    Contient un article en anglais sur la science fiction arabe
    Signalé par le catalogue du Sudoc



    Eurêkoi – Bibliothèque de l’Institut du monde arabe


    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *