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Que sont les diableries du Moyen Âge ?


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    Bibliothèque Multimédia Intercommunale Épinal – notre réponse du 02/02/2021.

    Détail du portail du Jugement dernier avec sculpture de Saint Michel et de Satan
    Détail du portail du Jugement dernier avec sculpture de Saint Michel et de Satan


    Le diable était une figure très présente dans la pensée religieuse du Moyen Âge, et les différentes formes d’art, au service de la religion et de la liturgie, s’en faisaient l’écho.

    Que sont alors les « diableries » ? Ce terme ne renvoie pas seulement à la « manifestation du diable, de ses pouvoirs » mais également à « la représentation matérielle de scènes où figure le diable« , selon le dictionnaire en ligne Larousse.

    De quoi s’agit-il en littérature ?

    « Diableries du Moyen Âge », de quoi parle-t-on ?

    Les diableries au Moyen Âge, d’après le Centre national de ressources textuelles et lexicales, sont des pièces ou des contes populaires faisant intervenir le diable. Ce genre est très prisé au Moyen Âge jusqu’au milieu du XVIème siècle.
    Sur l’extension et le déclin de ces pièces, vous pouvez consulter l’article Le Diable dans l’ancien théâtre religieux, par Raymond Lebègue, Cahiers de l’Association internationale des études françaises, consultable sur la plateforme Persée, 1953, n°3-5. pp. 97-105.
    Extrait :
    « Depuis le drame des Vierges sages et des Vierges folles jusqu’à la fin des grands mystères, le diable a tenu une grande place dans notre ancien théâtre religieux; et on le retrouve dans les diverses formes de théâtre populaire qui dérivent plus ou moins des mystères : pièces irrégulières jouées à l’Hôtel de Bourgogne dans le premier quart du XVIIe siècle, pièces provinciales et rurales jouées avant la fin de l’Ancien Régime, théâtre breton, théâtre basque. »


    Le diable et diableries dans les œuvres médiévales

    Parmi les œuvres médiévales mettant en scène la figure du diable, on trouve :
    Le Miracle de Théophile de Rutebeuf, composé vers 1260, édité dans les Œuvres complètes de Rutebeuf, texte établi, trad., annoté et présenté par Michel Zink, Librairie générale française, 2001.
    Une version numérisée de ces Œuvres complètes, dans l’édition mise au point en 1874-1875 par Jubinal est également consultable sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France.
    On y trouve également des extraits du Miracle de Théophile, édité par Garce Franck en 1925 aux éditions Champion.
    Dès la page 6, vers 144, le personnage Salatin s’adresse au diable :
    Extrait :
    « Ici parole Salatins au Deable et dist :
    [Salatins]
    Uns crestiens s’est sor moi mis,
    Et je m’en suis molt antremis ;
    Quar tu n’es pas mes anemis.
    Os tu, Satanz ?
    Demain vendra, se tu l’atens
    »

    La Tragique histoire du docteur Faust
    Christopher Marlowe, écrit en 1592, Éditions Belles lettres, 1987 [introd. et] trad. de F.C. Danchin.
    L’histoire est inspirée de celle de Théophile. Le numéro du 01/01/1998 du Bulletin Flaubert-Maupassant de l’Association des amis de Flaubert et de Maupassant, consultable sur Gallica, présente ce texte comme la première apparition du personnage de Faust.
    Faust vend son âme au diable en échange du savoir et des biens terrestres. (Dictionnaire Le Larousse)


    Des diableries à profusion au sein des « Mystères »

    Les diableries sont très présentes dans ce qu’on appelle les « Mystères » ou « mistères« , genre théâtral apparu au 15e siècle qui, à l’origine avait pour thème la religion et visait à représenter matériellement certaines scènes des textes liturgiques. Ces pièces mettent en scène de nombreux démons et la figure du diable, comme le Mystère des Actes des apôtres ou Le Mystère de Saint Martin d’Andrieu de la Vigne… Certains manuscrits ont même été modifiés par les copistes pour y ajouter des diableries, comme le montre l’étude du manuscrit du Mystère de saint Vincent (ms. Paris, BnF, fr. 12538) par Xavier Leroux .

    2 articles consacrés au « Mystère » :
    – dans le dictionnaire Larousse en ligne. sur le site internet de Larousse 
    – dans l’Encyclopedia Universalis (article payant)

    On peut consulter des ouvrages de Mystères en version numérisée sur Gallica, bibliothèque numérique de la BnF, comme :
    Le Mistere du roy Advenir, de Jehan du Prier, dit Le Prieur, 1501-1600.
    « Mistere de la Passion Jhesus Crist », avec prologue.


    Des ressources pour approfondir

    Sur la fonction des « diableries » dans les pièces du Moyen Âge

    Le Diable dans l’ancien théâtre religieux, par Raymond Lebègue, Cahiers de l’Association internationale des études françaises, consultable sur la plateforme Persée, 1953, n°3-5. pp. 97-105.
    Extrait :
    « Depuis le drame des Vierges sages et des Vierges folles jusqu’à la fin des grands mystères, le diable a tenu une grande place dans notre ancien théâtre religieux ; et on le retrouve dans les diverses formes de théâtre populaire qui dérivent plus ou moins des mystères ».
    – Cet article montre bien le but religieux originel d’édification des hommes de ces diableries :
    « Puisque le diable a fait pécher la première femme et le premier homme et qu’il a tenté le Christ lui-même, nos dramaturges montreront ses efforts inlassables pour induire les hommes au péché. […] Quand le principal personnage est un apôtre ou un saint, il triomphe des embûches du diable : sa conduite a valeur exemplaire. »

    – Avec l’extension des diableries dans les Mystères, un but profane apparaît : « Elles détendent un public populaire que les sermons et autres tirades savantes ou édifiantes finissent par ennuyer. »

    Les diables dans les mystères : fauteurs de désordre ou facteurs d’ordre ?, par Élyse Dupras, L’Annuaire théâtral, (43-44), 31–43, 2008.
    Cette référence a l’avantage d’avoir une belle bibliographie à la fin qui indiquent d’autres ouvrages de référence sur les diableries.


    Sur le personnage du diable dans ces pièces

    Vaincre l’enfer sur scène. Les diableries dans le Mystère des Actes des apôtres , par Mathilde Cornu, dans Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA.
    Mémoire de master en histoire et littérature, sous la direction d’Isabel Iribarren et de Thierry Revol, 03/09/2015.
    Présentation :
    « Ce mémoire de master s’intéresse aux personnages des diables dans les mystères, en se concentrant sur le rôle qu’ils jouent à la fois dans le salut individuel des différents protagonistes et dans celui des spectateurs qui assistent à ces représentations. Le point de vue adopté propose une analyse davantage doctrinale et historique que littéraire afin de mettre en avant la dimension pastorale de ces scènes visant à l’édification d’un public hétérogène et au contrôle de ses croyances. »

    Dictionnaire du diable, de Roland Villeneuve, éd. Omnibus, 1998.
    Cet ouvrage dépasse le cadre du Moyen Âge et recense toutes les références au diable notamment en littérature.


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