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Comment s’appelait le chat de Baudelaire ?

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Bibliothèque publique d’information – notre réponse actualisée le 06/06/2023

photo de tête de chat
Photo de chat par Gzen92, Wikimedia Commons

Dans son recueil de poésie Les Fleurs du Mal, Baudelaire semble fasciné par les chats. Mais ce grand amateur de chats en possédait-il ? En réalité, il n’en a eu qu’un seul, et il s’appelait Tibère.

Voici quelques ressources qui le confirment.

Tibère : le chat de Baudelaire

Les chats de Baudelaire de M. Delcroix et W. Geerts, Presses universitaires de Namur, 1981, p.169.

A ce moment Tibère sortit de sa cachette et vint flairer l’étranger ; sur un mot de son maître, le chat alla se blottir sous un meuble. — Vous savez ce que contient cette lettre ?

Baudelaire devant ses contemporains, de Claude Pichois et William Bandy, éd. Klincksieck, 1995.
Extrait du texte « une matinée chez Baudelaire », signé Théodore de Grave, p.149-153 :

Qu’avait-il de féminin au reste ce chat réel surnommé Tibère, que Baudelaire traitait en empereur et dont la chronique rapporte qu’il admirait « la délicatesse » ?

L’ensemble de ce texte, Une matinée chez Baudelaire, par Théodore de Grave, a été publié dans le Supplément littéraire du Figaro du 03/11/1906.
Cet article est consultable sur Gallica (la bibliothèque numérique de la BnF) :
Extrait :

Ce jour-là, en entrant chez lui, je le
trouvai penché sur sa table de travail,
sa main droite courant sur le papier avec
une activité fébrile ; tandis que, de temps
en temps, sa main gauche plongeait dans
l’épaisse fourrure d’un gros chat angora,
paresseusement étendu à côté de son
maître sur un coussin moelleux.

Au bruit que je fis en m’approchant, le
chat releva la tête, exprima sa colère par
quelques jurons et tout en agitant la
queue comme un serpent décapité, il
quitta le coussin et disparut sous un
meuble.

J’avoue que je ne cherchai pas. à le
retenir, au contraire j’encourageai sa
fuite en lui faisant entendre de très près,
mais simplement pour l’enrayer, le sif-
flement aigu d’une canne flexible que je
tenais dans la main en l’agitant dans
l’air. Cela suffit, je dois le dire, pour
qu’il ne reparût plus.

Vous n’aimez pas Tibère, me dit
Baudelaire
en me tendant la main mais
il ne vous aime pas non plus, ajouta-t-il
en souriant.


La présence des chats dans les poèmes de Baudelaire

Trois poèmes du recueil des Fleurs du mal de Charles Baudelaire (consultable sur Gallica en édition illustrée de quarante-sept compositions en couleurs par Manuel Orazi, éd?, 1934) sont en lien avec les chats. On y trouve deux poèmes intitulés « Le chat », les poèmes XXXIV et LI, ainsi que le poème LXVI.
Dans ces poèmes, on y voit une éloge aux chats et sont en quelques sortes humanisés.

Voici une explication de texte du poème « Les chats » :
« Les Chats » de Charles Baudelaire par Roman Jakobson et Claude Lévi-Strauss, In Homme, 1962, p. 5-21, consultable sur persée.fr.
Le Poème « les Chats » de Baudelaire, essai d’exégèse par Léon Somville, Études littéraires, 1972, 5(2), p. 189–211, consultable sur erudit.org.

Ce renoncement n’est pas le propre d’une pièce isolée, bien entendu, et les Chats ne constituent même pas un exemple privilégié : les identifications successives aux amoureux, aux savants, aux coursiers de l’Érèbe (que les chats refusent d’être) et finalement aux sphinx sont autant de formes hallucinatoires d’un réflexe de fuite ou de rupture habituel au poète, en même temps que des tentatives pour reconquérir ou consolider l’estime de soi.

Un article montre un sens caché derrière ces poèmes sur les chats :
Baudelaire et les chats par Frédéric Vitoux, L’Orient Littérature, 01/04/2021.
Extrait :

Images du désir, les chats offrent aussi à Baudelaire comme un avant-goût des voluptés que lui offre – ou tarde parfois à lui offrir – la femme aimée, la femme idéalisée, la femme redoutable, la femme-tigresse en somme, aussi dangereuse que l’amour et aussi insaisissable que le félin qui l’annonce et la symbolise.


Pour aller plus loin…

Une critique littéraire sur les animaux dans Les Fleurs du mal de Baudelaire

Un bestiaire des Fleurs du Mal, par Laurent Thieux, In Recherche sur l’imaginaire (dirigé par Georges Cesbron), Presses universitaires de Rennes, 1999, p. 511-527.
Extrait :

Le chat représente un aspect moins agressif du temps que celui symbolisé par les carnassiers dont il est l’euphémisation41. Il joue, dans le Spleen baudelairien, un rôle comparable à celui de la femme. Il est l’animal idéal et possède ainsi un statut ambivalent : il rappelle au poète un temps mythique et déclenche la nostalgie, le Spleen de ce temps irrécupérable.


Eurêkoi – Bibliothèque publique d’information


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