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Je cherche des informations traitant de la virilité, de ses codes dans la société française

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    Bibliothèque publique d’information – notre réponse du 02/02/2021. Mise à jour le 21/04/2021.

    Dad sitting on a couch reading to his two young children. Mixkit.

    Tu seras viril mon kid chante Eddy de Pretto en octobre 2017, dans son premier album Cure. Un titre pour dénoncer l’injonction sociétale à la virilité, assénée aux garçons et la pression sociale qui en découle.
    Au-delà de ce succès musical, la thématique de la virilité se trouve réaffirmée dans les préoccupations de notre société. Pour mieux la comprendre et y réfléchir, voici différentes ressources documentaires.

    KID : Extrait
    « Tu seras viril mon kid, tu tiendras dans tes mains l’héritage iconique d’Apollon
    Et comme tous les garçons, tu courras de ballons en champion
    Et deviendras mon petit héros historique

    Virilité abusive
    Virilité abusive

    Tu seras viril mon kid, je veux voir ton teint pâle se noircir
    De bagarres et forger ton mental
    Pour qu’aucune de ces dames te dirigent vers de contrées roses
    Néfastes pour de glorieux gaillards
    « 

    Eddy de Pretto – Kid (Clip Officiel)

    Masculinité, virilité : quelles définitions ?

    La masculinité est un fait: on naît homme. La virilité exprime plutôt des valeurs morales, comme le courage. Ce qui pourrait signifier que la virilité n’est pas l’apanage des hommes, mais celle des femmes aussi, comme l’avance le philosophe Thierry Hoquet.
    Virilité et masculinité, est-ce la même chose ?, émission Spécimen : Le magazine qui s’intéresse à votre comportement, rts.ch, le 16/11/2016.

    Virilité ou masculinité ? L’usage des concepts et leur portée théorique dans les analyses scientifiques des mondes masculins par Haude Rivoal, Travailler, 02/2017 (n° 38).
    Résumé :
    Cet article propose un bilan critique autour de la confusion des concepts de « virilité » et de « masculinité » pour proposer l’idée que celle-ci influence non seulement les représentations et les pratiques sociales, mais également les recherches universitaires. Il démontre que la perméabilité des deux termes essentialise la masculinité et entretient implicitement l’idée d’une hiérarchie entre les genres. L’article propose ainsi de penser les masculinités au pluriel et la virilité en dehors d’un genre précis afin d’enrichir les analyses sociologiques encore émergentes (en France) autour des hommes et du masculin.


    Des ouvrages traitant de la virilité et de son histoire

    Histoire de la virilité. 1, De l’Antiquité aux Lumières : l’invention de la virilité
    Georges Vigarello, Éd. du Seuil, 2011
    Présentation : La virilité serait vertu. Elle viserait le « parfait », fondant sur un idéal de domination masculine une des caractéristiques des sociétés occidentales. Une puissance a été inventée, de la force physique au courage moral, imposant ses codes, ses rituels, sa formation.

    La Fabrication des mâles de Nadine Lefaucheur et Georges Falconnet, 1975 fait figure de repère précurseur.
    Les auteurs s’appuient sur une étude qualitative, menée par entretiens auprès de trente-deux hommes et présentée comme exploratoire, dans le but de cerner « l’idéologie masculine »

    « Sois un homme ! » : la construction de la masculinité au XIXe siècle 
    Anne-Marie Sohn. Paris : Éd. du Seuil, 2009.
    Résumé :
    Cet essai examine la genèse du symbolisme masculin au cœur de l’identité du citoyen politisé du XIXe siècle, qui prend peu à peu le pas sur le militaire violent. De la Révolution française à la Grande Guerre, l’historienne revient sur la naissance du masculin en tant que genre, qui, sur cette période, transcende le modèle viril et gaillard pour accéder à celui d’honnête homme.
    Disponible à la Bpi
    Sur ce livre, le compte-rendu de Robert Nye :
    Anne-Marie Sohn, « Sois un Homme ! de Robert Nye. La construction de la masculinité au XIXe siècle », Clio. Femmes, Genre, Histoire [En ligne], 2010.
    Extrait :
    « L’auteur décrit de manière convaincante le monde masculin qui engendrait tous ces désordres. Les hommes dominaient l’espace public, rivalisaient pour assurer leur domination, individuelle ou collective, par un comportement perturbateur et bruyant, des chansons, des gestes qui cherchaient à intimider ou dissuader les rivaux. (…) »
    En 2014, la publication du premier recueil des travaux de la sociologue Raewyn Connell (sous le titre : Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie) marque l’arrivée en France des masculinity studies, les études critiques des masculinités.
    Masculinités : enjeux sociaux de l’hégémonie
    Raewyn Connell, Ed. Amsterdam, 2014.
    Résumé :
    Dans un contexte où les études de genre et leurs usages sont remis en question, ce recueil de travaux de la sociologue australienne vise à problématiser les masculinités en termes d’hégémonie et de résistances à l’hégémonie. R. Connell établit une cartographie complexe des masculinités et invite à penser les politiques d’alliance avec le féminisme et les autres mouvements sociaux.
    Disponible à la Bibliothèque publique d’information (Bpi)

    Compte rendu de lecture de Delphine Moraldo, le 11/06/2014.
    Delphine Moraldo est Doctorante en sociologie au Centre Max Weber, ENS de Lyon.
    Extrait :
    « C’est dans le chapitre suivant, intitulé « l’organisation sociale de la masculinité », qu’elle présente différents types de masculinité, dont la masculinité hégémonique. Pour Connell, la masculinité est relationnelle, et n’existe que dans les cultures (et pendant les périodes historiques) qui pensent comme opposées masculinité et féminité. (…)
    Plus précisément, la masculinité (et la féminité) sont des configurations de la pratique de genre, c’est-à-dire les rapports entre individus et entre groupes, organisés en premier lieu par la sphère reproductive (…) configuration que Connell analyse à l’aune des rapports de pouvoir –la domination masculine–, des rapports de production –la division genrée du travail–, et de la cathexis –le désir sexuel. »

    Le mythe de la virilité : un piège pour les deux sexes
    Olivia Gazalé, Robert Laffont, 2017.
    Résumé :
    Et si, comme les femmes, les hommes étaient depuis toujours victimes du mythe de la virilité ? De la préhistoire à l’époque contemporaine, une passionnante histoire du féminin et du masculin qui réinterprète de façon originale le thème de la guerre des sexes.
    Disponible à la Bpi


    Des articles sur la construction sociale de la virilité

    Refus des étiquettes, refus des héritages dévolus à chaque sexe, refus d’un binarisme qui ne saurait prendre en compte la diversité du nuancier de genres sur lequel chacun viendrait s’inscrire.
    Portée par les transgenres et ceux qui se revendiquent « non-binaires » – 22 % des jeunes âgés de 18 à 30 ans selon un sondage Ifop, cette révolution du genre ne se limite pas à ces figures androgynes ; elle touche par ricochet l’ensemble d’une société dont elle bouscule les carcans et les présupposés.
    Ce numéro du 1 se penche sur les origines et les implications de cette remise en question.

    Un autre monde par Julien Bisson, journal le 1Hebdo, N° 336, 03/03/2021
    Extrait :
    « Mais la révolution du genre ne se limite pas à ces figures androgynes, aux faux airs de Prince ou de David Bowie. Elle touche par ricochet l’ensemble d’une société dont elle bouscule les carcans et les présupposés. Parce qu’à l’instar de toute révolution, elle formule la promesse d’un autre monde, un monde qui n’effacerait pas le masculin et le féminin, comme s’en émeuvent à grands cris les partisans de la tradition, mais où cette distinction pourrait être débarrassée des logiques de pouvoir et de domination qui ont jusqu’ici prévalu. Être un homme, oui, mais sans forcément être tenu à une virilité toxique. Être une femme, d’accord, mais affranchie des injonctions sexistes quotidiennes. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le sociologue Éric Macé rêve d’un monde où la différenciation entre les sexes n’aurait pas beaucoup plus d’importance que celle aujourd’hui observée entre droitiers et gauchers. Une réalité biologique sans déterminisme social, chargée de folklore et de représentations, mais qui n’entamerait rien de notre liberté. »

    Être un homme aujourd’hui. L’identité masculine est-elle en crise?, Sciences humaines, n° 313, avril 2019.

    C’est quoi, être un homme viril ? par Nelly Kaprièlian et Jean-Marc Lalanne, Les Inrockuptibles [en ligne], le 17/10/2011.
    Extrait :
    « Le mot « virilité » décrit le sentiment de ce qui fait l’homme dans l’homme. Historiquement, ce sentiment s’est cristallisé sur trois valeurs : d’abord la force physique ; puis le courage, l’héroïsme guerrier, le goût de la domination des autres hommes ; et enfin, la puissance sexuelle. Dès l’Antiquité, les modèles de la virilité ont été définis selon ces critères. » Dixit Jean-Jacques Courtine

    Des Men’s Studies aux Masculinity Studies : du patriarcat à la pluralité des masculinités par Jean-Yves Le Talec, SociologieS [En ligne], Dossiers, Sociétés en mouvement, sociologie en changement, le 07/03/2016.
    Présentation :
    « Le livre est organisé en trois parties, dont la première, « Puissance, pouvoir, possession », explore la pratique des rapports de pouvoir exercés par les hommes ; la deuxième est consacrée à « La vie privée » (relations affectives et sexuelles, mariage, couple, famille) et la troisième à la « Formation et reproduction de l’idéologie masculine », c’est-à-dire à l’éducation des garçons et aux instances de construction de la virilité. »

    Virilité, virilités ? Approches philosophiques par Dominique Folscheid, Le Journal des psychologues, vol. 308, no. 5, 2013.
    Présentation :
    « Comment penser la virilité aujourd’hui ? Comment envisager l’articulation du « naturel » et du culturel ? Quelles ont été, depuis l’Antiquité, les positions théoriques et religieuses ? Cette analyse, fondée sur une réflexion philosophique, établit un rapport entre les luttes féministes – notamment leurs excès, quand elles prennent, par exemple, l’allure d’une lutte des classes – et les troubles de la virilité révélés par des comportements atypiques dans les populations masculine et féminine, virant parfois à la violence pure. »


    Des podcasts pour un regard contemporain sur la virilité

    Les couilles sur la table, Binge Audio.
    Un jeudi sur deux, Victoire Tuaillon parle en profondeur d’un aspect des masculinités contemporaines avec un·e invité·e. Parce qu’on ne naît pas homme, on le devient.

    Le Boys ClubMadmoiZelle.
    Des hommes y sont interviewés pour parler de leur rapport à leur genre, depuis les injonctions à la virilité à leur relation à leur pénis.

    Un podcast à soi : Un autre homme est possible, Arte radio
    Chaque premier mercredi du mois, Un Podcast à soi mêle intimité et expertise, témoignages et réflexions, pour aborder les questions de genre, de féminismes, d’égalité entre les femmes et les hommes.
    Un podcast de Charlotte Bienaimé pour ARTE Radio.


    La masculinité : en débat

    Rencontre organisée, au Centre Pompidou, dans le cadre de la programmation associée de l’exposition Riad Sattouf, l’écriture dessinée

    Tu seras viril ! Le masculin en question, Cycle: Riad Sattouf, l’écriture dessinée, le 21/01/2019
    Résumé :
    Que ce soit dans les albums de bandes dessinées dédiés à Pascal Brutal comme dans ses films, « Les beaux gosses » et « Jacky au royaume des filles », Riad Sattouf a joué sur les stéréotypes de la virilité pour les questionner. Depuis quelques années, le mythe de l’éternel masculin est interrogé au travers des études sur le genre. Récemment, l’affaire #MeToo a sévèrement remis en cause les présupposés hégémoniques et violents du sexe fort. Le masculin implique-t-il des codes et lesquels? Peut-on distinguer masculinité et virilité? L’injonction virile a-t-elle un coût aussi pour les hommes ?


    Pour approfondir la réflexion sur le sexe et le genre : une approche interdisciplinaire

    Un ouvrage récent du CNRS est consacré à cette question :
    Sexe et genre
    Bérangère Abou et Hugues Berry, éditions matériologiques, INSB (Institut des sciences biologiques du CNRS), 2019.
    Présentation : « Ces dernières années, les débats à propos des notions de sexe et de genre entre biologie et sciences humaines et sociales connaissent une intensité accrue, tant pour des raisons scientifiques que pour l’effet que ces positions ont sur les usages sociétaux de ces notions. Beaucoup de biologistes rejettent la mise en cause par une partie des sciences humaines et sociales de ce que la biologie tient pour fondamental, telles la binarité des sexes ou les différences entre les sexes. Les spécialistes en sciences humaines et sociales, quant à eux, voient souvent la biologie comme une source académique et institutionnelle d’arguments naturalistes qui visent à s’opposer au genre. Ils dénoncent des biais d’interprétation des biologistes comme résultant, justement, de parti-pris liés au dispositif de genre. Pourtant, les échanges scientifiques à l’interface entre biologie et sciences humaines et sociales sont sans aucun doute nécessaires pour évacuer ces antagonismes. L’objectif de cet ouvrage, basé sur l’École thématique interdisciplinaire d’échanges et de formation en biologie du CNRS (dite « École de Berder ») de 2015, est de mettre en œuvre un dialogue entre les deux domaines, en tentant de passer outre des malentendus et des impensés qui n’ont que trop duré. »


    Eurêkoi – Bibliothèque publique d’information
    www.bpi.fr


    1 commentaire pour “Je cherche des informations traitant de la virilité, de ses codes dans la société française”

    1. Une sociologue féministe

      Bonjour, je viens de lire votre article en tant que sociologue et chercheuse féministe et je me dois d’apporter de grandes nuances à ce qui a été affirmé. Votre article défend un parti pris contestable, celui d’un espace de masculinités au sein duquel seules certaines masculinités seraient « toxiques ».

      Cette approche est effectivement représentée dans certains courants de la sociologie, mais sans surprise avant tout défendue par des hommes (Bourdieu, Welzer-Lang, Connell …) cherchant à défendre leur position dans le rapport de domination, et constitue une vision extrêmement contestée par toute la véritable sociologie du genre, en prolongement des thèses scientifiques du féminisme radical et matérialiste. Je vous recommande très vivement la lecture de la thèse d’un disciple de Christine Delphy permettant non seulement d’expliciter toutes les critiques autour de la vision présentée dans votre article et de démontrer en quoi la masculinité est directement une adhésion au masculinisme (il n’y a pas de masculinités à sauver si ce n’est une adhésion véritable au féminisme par-delà de simples affirmations servant de développement personnel) : Thiers-Vidal Léo (2019), De « L’Ennemi Principal » aux principaux ennemis. Position vécue, subjectivité et conscience masculines de domination, Éditions ALSO.

      Cette thèse hautement reconnue dans le champ est un bon reflet des théories sociologiques et féministes les plus avancées et les plus valides en la matière, ensuite redéclinées plus localement (avec des auteurs comme Arthur Vuattoux étudiant de manière toute aussi critique le rapport social de sexe par la délinquance notamment).

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