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Crier ou émettre un son dans un moment de grande peur / douleur est-il un réflexe ?

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    Médiathèques de Strasbourg – notre réponse du 04/02/2021.

    Le Cri Edvard Munch CCO Domaine public / Wikimedia Commons

    « Le monde entier est un cactus
    Il est impossible de s’assoir
    Dans la vie,

    il y a qu’des cactus
    Moi je me pique de le savoir
    Aïe aïe aïe,

    ouille,
    Aïe aïe aïe…»
    Dans son tube Les cactus (1967), Jacques Dutronc dénonce l’individualisme des sociétés capitalistes. Dans l’imaginaire collectif, de ses paroles sont restées les nombreuses onomatopées de douleur aïe / ouille mais plus scientifiquement le cri est-il un réflexe ou une attitude résultante de notre culture ?

    Cri et douleur : un réflexe chez l’homme ?

    Dans l’ouvrage Neurosciences, 4ème édition, paru chez De Boeck en 2011, voilà la définition du terme réflexe :
    « Réponse motrice involontaire et stéréotypée déclenchée par un stimulus particulier ».

    Dans un article de Science & vie en ligne, on apprend que même si crier quand on a mal est généralement perçu comme un réflexe, les scientifiques sont divisés quant au sens de ce cri.
    Il pourrait s’agir de prévenir les autres qu’on est en danger, de tenter d’effrayer l’agresseur, de lui signifier d’arrêter son geste ou encore de soulager la douleur.
    De manière générale, le cri est une réponse de protection réflexe à la douleur. Il n’est pas une verbalisation, mais un signal. 
    Source :
    Pourquoi se met-on à crier quand on a mal ? par Brice Louvet, sciencepost.fr, le 04/02/2015.
    SciencePost est un magazine d’actualité et de vulgarisation scientifique. 


    La douleur : 1 construction culturelle ?

    L’influence de la culture dans l’expression verbale de la douleur : étude comparative entre des patients cancéreux français et syriens, par Lebreuilly Romain, Sakkour Sam, Lebreuilly Joëlle, Revue internationale de soins palliatifs, 2012/4 (Vol. 27), p. 125-129. 
    Extrait :
    « La douleur est une expérience subjective, intime, influencée par de nombreuses variables dont la culture.
    Selon Pascal Cathébras, la culture peut déterminer l’attitude et le comportement face à la douleur, à travers les représentations, et les croyances attachées à celle-ci. »
    Pascal Cathébras est médecin interniste, chef de service au CHU de Saint-Etienne.
    Il s’intéresse depuis plus de 30 ans aux symptômes dits fonctionnels et à la construction sociale des catégories diagnostiques.


    Cris et douleurs chez les animaux

    Origine du langage : les cris d’alarme du chimpanzé peuvent l’expliquer par Janlou Chaput, futura-sciences.com, le 19/10/2013.
    Extrait :
    « Alors que de nombreux scientifiques pensaient que le langage humain s’était uniquement développé depuis la communication gestuelle, une étude montre de l’intentionnalité dans les cris d’alarme des chimpanzés sauvages. Preuve infaillible que l’oralité de nos cousins est bien plus qu’une manifestation réflexe de leurs émotions. »

    En observant des grands singes, on constate que le primate qui perçoit un danger crie jusqu’à ce que tous ces congénères soient à l’abri. Le cri servirait donc d’alarme.
    Il faut également rappeler que les recherches récentes (depuis la seconde guerre mondiale) ont montré que la perception de la douleur subjective (certains disent même culturelle).
    Certains animaux « crient » également lorsqu’ils ont mal.


    Avoir mal sans crier…

    Chez certains animaux

    Mais c’est plutôt le cas pour des animaux sociaux : le chien criera alors que le chat, plus solitaire, va plutôt avoir tendance à se cacher et se recroqueviller.
    Leur façon de manifester la douleur est dépendante de leur système social, comme le montre ce fait divers :
    Une chatte brûlée vive : pourquoi les animaux ne crient pas quand ils ont mal ? par Marie Claude Bomsel (Vétérinaire), leplus.nouvelobs.com, le 19/08/2011.
    Extrait :
    « En ce qui concerne le chat, il s’agit d’un carnivore solitaire. Il ne va donc pas crier car il ne doit pas être repéré par un de ses prédateurs. Face à la douleur, le chat va d’abord se carapaçonner, se recroqueviller, paradoxalement il peut même ronronner. Ce n’est qu’au dernier moment, presque à celui de la mort, qu’il va miauler car il ne peut plus contenir la douleur. »
    (…)
    Les herbivores hurlent en silence
    « Il en va de même pour le taureau, lors de la corrida. Il est évident que l’animal souffre, on le constate à ses mimiques (tremblements des muscles, oreilles baissées, cou abaissé). Comme tout herbivore, il est une proie, il criera au dernier moment pour ne pas attirer un prédateur. »


    Pour aller plus loin…

    Le cri peut servir de thérapie selon certain spécialiste. C’est ce qu’expose Arthur Janov dans son ouvrage Le nouveau cri primal paru aux Presses de la Renaissance en 1992.
    Résumé :
    « Paru en 1970, cet ouvrage est considéré comme majeur dans l’histoire de la psychologie. Sa théorie considère que ce qui entrave et fait souffrir la personne peut être expulsé dans un cri suscité par le thérapeute. Les études de cas et témoignages montrent les premiers résultats d’une thérapie jugée révolutionnaire et les perspectives de guérison pour les victimes d’addictions, de phobies, etc. »


    Eurêkoi – Médiathèques de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg


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